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Rançongiciels

Sources :
http://blog.crimenumerique.fr/tag/rancongiciel/

Au palmarès des arnaques les plus prisées du moment, vous trouverez de belles saloperies regroupées sous le nom de « ransomwares » ou « rançongiciels » en français. Le principe en est hélas, très simple et très efficace, et joue à fond sur votre peur du gendarme et/ou des conséquences que votre passage sur un site pornographique ou de jeux aurait sur votre couple ou votre famille.

Sous l’action d’un malware glané au gré de vos pérégrinations, votre ordinateur est bloqué par un message semblant émaner de la police ou de la gendarmerie vous intimant l’ordre de régler une amende de 100 à 200 euro en moyenne afin de débloquer votre ordinateur, force logo et écusson officiels à l’appui.

Évidemment, il vous faudra régler via des services de paiement sans traçabilité. Au delà de la médiocre orthographe trahissant un message traduit par un ressortissant étranger à l’aide d’un traducteur automatique, il est évident qu’en aucun cas un service de police français ne procèderait de la sorte. Mais le matraque fiscal automobile aidant, tout le monde se sent coupable d’une manière ou d’une autre, ce qui rend le terrain psychologique d’une majorité de personne vulnérable à une intrusion de ce type.

Pas de chance, un redémarrage simple ne servira à rien, le malware résidant se rechargeant automatiquement à chaque fois accentuant l’effet de « prise de contrôle » par les autorités…

Fonctionnement du rançongiciel

Le principe rencontré est souvent très similaire:
La victime est attirée par différents moyens vers des plateformes d’attaques (exploit kits):
Affichage d’une bannière publicitaire sur un site Web légitime (sites à fort trafic, souvent des sites Web de streaming pornographique)
Affichage d’une page Web légitime dont le contenu a été modifié illégalement (des scripts malveillants ont été installés sur le serveur à l’insu de leurs propriétaires)
Selon la configuration de l’ordinateur de la victime, différents scripts lui sont présentés pour exploiter des vulnérabilités connues (notamment dans des extensions comme Flash ou Java) et un virus est téléchargé et installé.
Le virus affiche une page Web distante bloquant tout usage de l’ordinateur et réclamant le paiement d’une amende. Le contenu de la page est différent en fonction de l’adresse IP d’où la personne se connecte, pour s’adapter à son pays de résidence – en tous cas le pays d’où l’on se connecte.
Le paiement de cette rançon (il ne s’agit évidemment pas d’une amende légale) utilise des tickets de paiement électronique que l’on achète en général en France dans les bureaux de tabac (Ukash ou Paysafecard) et qui sont habituellement utilisés par les français sur des plateformes de jeux en ligne.

Le paiement de la rançon ne débloque évidemment pas l’ordinateur.

Certaines versions chiffrent des fichiers personnels et rendent le système encore plus difficilement utilisable.
Ils fonctionnent avec tous les principes des botnets : logiciel malveillant sur la machine de la victime, système de commande et de contrôle avec panneau de commande, réception d’ordres à exécuter (parfois même mises à jour et téléchargement d’autres virus), envoi d’informations vers le système de commande (les codes PIN des systèmes de paiement électronique).

Que faire si je suis victime d’un rançongiciel ?

Les points clés de l’action pour l’utilisateur final sont les suivants (on peut aussi consulter le document de prévention proposé par Europol):
Se tenir informé, et informer ses collègues et ses amis. L’information est cruciale pour prévenir les différentes formes d’escroquerie.
Tenir à jour son ordinateur (système d’exploitation, mais aussi tous les logiciels et les extensions que l’on utilise)
Ne jamais payer ce genre de rançons, elles ne débloquent pas la situation. Et on le rappelle: les services de police ne réclament pas le paiement d’amendes en bloquant les ordinateurs.
Si on est contaminé chez soi, ne pas hésiter à chercher de l’aide auprès d’amis, de forums d’entraide (comme forum.malekal.com) et auprès des sociétés spécialisées dans la lutte contre les virus.
Si on est contaminé au travail, il est important d’en parler à son responsable informatique ou son correspondant en sécurité des systèmes d’information. Ils doivent être au courant de ce type d’incidents et pourront vous aider à rétablir un équipement en fonctionnement normal sans perdre vos données.

Utilisation de l’image d’une institution

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Les campagnes de phishing, les escroqueries à la loterie(s) et beaucoup d’autres formes de scams utilisent l’image d’une institution. Récemment ont été évoquées les campagnes de phishing liées aux impôts, mais ce sont aussi les plus grandes marques – et en particulier les établissements bancaires et les sociétés de l’Internet – qui voient leur image utilisée. Très souvent c’est uniquement le logo et la marque, mais parfois cela va plus loin et c’est toute la mise en page classique d’un document ou d’un site Web qui sont utilisés pour tromper la victime.
Dans le cas présent, c’est le logo de la gendarmerie qui est exploité, associé à celui de la République française. Ils sont naturellement associés au respect de la loi:

Le symbole de la République utilisé est une de ses représentations historiques: le faisceau de licteur, mais dans la version que l’on retrouve sur Wikipédia. Il est aujourd’hui utilisé par la Présidence de la République et on le retrouve par exemple sur nos passeports.
C’est donc très clairement le public français qui est visé. D’ailleurs, la version du virus qui est diffusée en France est effectivement liée à l’implantation géographique de la victime. En effet, comme ont pu le noter certains analystes (voir article sur Malekal), le mode de diffusion de ce virus utilise la possibilité pour des bannières publicitaires de s’adapter au pays d’où provient la connexion (c’est une fonctionnalité offerte par

les sociétés qui offrent ce type de services). Derrière ce sont de véritables kits qui sont exploités (comme Blackhole) et donc vont permettre de déclencher des vulnérabilités en fonction de la configuration de la machine visée.

Dans les cas précédents qui ont été rapportés récemment, ce sont d’autres services de police qui ont été utilisés, en particulier la police allemande, mais aussi suisse, espagnole, hollandaise ou argentine.

La faute que l’on peut réparer
Le message d’alerte affiche ensuite une liste de fautes que l’on aurait commises: pédopornographie et atteintes aux droits d’auteurs. Ce mécanisme fait appel à l’inconscient collectif fortement marqué par ces sujets. Ainsi, une personne qui va sur des sites pornographiques en se cachant de son entourage pourra penser qu’il a pu visiter des sites illégaux sans y faire attention. Une autre qui télécharge des séries ou des films, sans toujours vérifier si leur origine est légale se sentira concernée. La victime est alors placée dans l’incertitude (qu’est-ce qu’on me reproche exactement ?), dans le qu’en dira-t-on (qu’est-ce que vont en penser ma femme, mes collègues ?) et dans la crainte d’une action policière (je n’ai jamais rencontré les gendarmes… est-ce qu’ils vont être durs avec moi ?).
Mais tout de suite, est offerte la possibilité de s’en sortir, par le paiement d’une amende. Le montant a l’air suffisamment sérieux (100 ou 200€ dans les cas rapportés), même si la méthode de paiement paraît un peu moins officielle (tickets et cartes prépayés).

Dans les autres formes de rançons réclamées par des escrocs, souvent le ressort de la sexualité est utilisé (et les interdits qui y sont associés), et l’accusation très forte et exagérée pour faire peur (« la femme avec qui tu discutais était ma petite sœur mineure… »). Il s’agit ici d’isoler les victimes, de les placer dans un angle dont elles ne pensent pas pouvoir se sortir, où elles auront même peur d’appeler à l’aide. L’escroc est devenu le seul ami de la victime, celui qui peut l’aider.

L’obstruction
C’est la même logique et d’autres ressorts qui sont utilisés dans les virus de rançonnement et exploités ici de façon complémentaire. L’ordinateur ne fonctionne plus et on en a besoin (ou bien on a peur d’expliquer à son propriétaire qui nous l’a prêté qu’on a fait une bêtise). Un obstacle de plus donc entre la victime et la solution de son problème. Dans certaines formes simplifiées de ces virus, c’est un simple blocage de l’ordinateur (fenêtre d’avertissement empêchant l’utilisation et parfois chiffrement des données rendant l’ordinateur inutilisable) ou du téléphone.

Conseil en cybersécurité


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